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Jean Ulysse Paul CARRERE naquit le 15 septembre 1878, au domicile de ses parents à Bordeaux, route de Pessac.

Sa mère, Mathilde BARRADE est fille de capitaine de navire de commerce.

Son père, Jules CARRERE, est négociant. A partir de 1880 il s’associera avec son beau-frère Jean Baptiste SYREIZOL pour gérer une fabrique de chaussures.

Un petit portrait  tracé à l’âge de 11 ans par le jeune Carrère montre une réelle disposition pour le dessin.

L’instruction qu’il reçut lui permit de fréquenter l’école et le lycée, et d’obtenir une qualification de dessinateur industriel.

Il est vraisemblable que le jeune Carrère ait fréquenté aussi l’atelier de Louis Auguste AUGUIN. Celui-ci est établi à Bordeaux depuis plusieurs années, et a ouvert son atelier aux artistes en herbe. Carrère a laissé une toile dont le sujet est repris d’un tableau d’Auguin.

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« Paysage » d’après AUGUIN

 Le 15ème régiment de Dragons l’héberge de 1899 à 1902 pour son service militaire.

Revenu à la vie civile, il reprend ses activités professionnelles et artistiques.

En avril 1906, sous la signature de Paul Carrère, il fait paraître « Aubes d’Avril » recueil de poèmes dédiés à la mémoire de son père récemment disparu.

Dans la préface, l’auteur y est qualifié de « poète attendri et sincère … dessinateur élégant, peintre habile. ».

La succession de Jules Carrère, dont les affaires n’étaient pas des plus brillantes, a entraîné la vente de certains biens dont une propriété ‘’La Brande’’ que son fils s’empressa de représenter sur un panneau de petit format, daté de 1906.

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La Brande

 En 1912, le premier jour du mois d’août, Jean Ulysse Paul Carrère épouse à Paris Emilie Suzanne Charpentier, enseignante, native de Cernay en Alsace.

Les jeunes mariés s’installent à Paris dans le XVème arrondissement.

Ils ont trouvé un appartement rue Alain Chartier près de l’ami Marcel BACH, peintre du ‘’groupe libre’’ (peut-être en rapport avec le salon belge « Libre Esthétique »), et lui aussi originaire du sud-ouest.

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Mme Carrere

 En août 1914, comme beaucoup d’autres, Carrère est mobilisé.

Il intègre le 58ème d’artillerie avec lequel il parcourra les champs de bataille de l’Aisne, de la Champagne, de la Meuse.

En 1915, il est promu brigadier.

En avril 1917, il est affecté au 15ème d’artillerie qui part pour les Flandres.

Vers la fin de cette année-là, il est hospitalisé à Auxerre.

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La cathédrale, et le vieil Auxerre

De cet épisode médical il tirera une nouvelle, jamais éditée: ‘’stratégies au couvent’’.

Réformé une première fois en décembre 1917, il regagnera Paris. Six mois plus tard la commission militaire maintient cette décision.

Carrère ne reprendra plus la direction des champs de bataille.

Après la tourmente, les esprits étant apaisés, chacun peut reprendre son rythme de vie.

Pour assurer le quotidien, Carrère prend des travaux de décoration à AUTEUIL et à PUTEAUX, tandis que son épouse enseigne l’allemand, l’anglais et le français aux lycées Fénelon et Hugo à PARIS.

Sous le pseudonyme d’Alleyson, en 1923, Carrère publie « Versants », nouveau recueil de poèmes où apparaît en pointillé l’expérience des années de guerre.

En 1924, les époux Carrère acquièrent la demeure du 1 rue Latouche, à Cernay, qu’ils font remettre en état. Cette maison de famille de Madame Carrère appartenait à ses grands parents maternels, et sa mère et sa tante Eva y vivaient encore.

Grâce à l’architecte Miroslav KREYTCHIK, Carrère expose des aquarelles intitulées: ‘‘Judith et Holopherne’’ et ‘’le paradis terrestre’’ à la Rotonde, à Paris.

En avril 1924, Carrère contactera le compositeur PETRIDES faubourg St Jacques pour mettre en musique un livret de théâtre symphonique. Il semble qu’il n’y ait pas eu de suite à cette démarche. Le 16 mai 1924, il en coûtera 1,20 franc à Carrère pour l’envoi de ce même livret à Vincent D’INDY

En mars 1925 paraît « office liturgique de la vie », un premier livret de théâtre symphonique, dont nous ignorons si une partition existait.

A partir de 1925-26, Carrère reprend ses pinceaux.

Il n’en reste pas moins attentif à l’évolution des affaires du monde, puisque le 25 juillet 1926, il participe avec 25 000 anciens combattants à une manifestation ‘’contre le tribut du dollar’’. Un photographe du journal ‘’Comœdia’’ le représente avec une œuvre ‘’satirique’’ lors de ce défilé.

En juillet 1928, Carrère rend visite à son homonyme, le journaliste poète Jean Carrère établit à NERAC depuis deux ans.

De novembre à décembre de la même année, la galerie « Jeune peintre » accueille les toiles de Carrère. C’est semble-t-il à cette période qu’il prend, pour ces oeuvres picturales, le pseudonyme de Cez.

Carrère exposera jusqu’en 1931 soit au salon des Indépendants, soit au salon des Artistes français. Il présentera chaque année, deux toiles:

En 1930 ‘’Coq de Sussex’’ et ‘’La Grande Ombre’’,

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En 1931 ‘’Razanil’’ et ‘’les Platanes’’

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Pendant cette même période, il publie deux poèmes scéniques:
« Tu gagneras ton pain » et « Points cardinaux ».

Carrère devait aimer les jeux de mots ou les rébus.
Le pseudonyme d’Alleyson n’est pas une anagramme mais un jeu de mots [Ah les sons!].
Quant à Cez, c’est Jean multiplié par Paul! [Jean (4 lettres) * Paul (4 lettres) = Cez (seize = 4 fois 4)].

Le 27 mars 1933, Jean Ulysse Paul Carrère dit Cez, dit Alleyson s’éteint à son domicile parisien à l’âge de 55 ans. Il repose au cimetière de Cernay en Alsace.

Comme beaucoup d’artistes de cette période, et probablement influencé par le mouvement Nabi, il était polyvalent: peintre, graveur, poète et romancier.

Il nous a laissé une oeuvre picturale variée, mais toujours figurative. Les paysages des régions où il vécut, et les natures mortes y sont majoritaires.
La grande tourmente de 1914 a laissé des traces dans son oeuvre poétique plus particulièrement et cela d’autant plus que dans son premier recueil ‘’Aubes d’avril’’ on pressent un être préoccupé par la mort.

Madame Carrère après avoir enseigné aux lycées Lamartine, Hugo, Ferry et Fénelon de Paris, aux lycées de St Cloud et de Versailles, termina sa carrière au lycée de jeunes filles de Sèvres.

En juillet 1939, elle regagnera définitivement Cernay et y vécut jusqu’en 1966. Elle est inhumée dans la tombe familiale aux côtés de son cher époux.
Jean Paul Carrère avait souhaité cette épitaphe:
« La droiture et l’amour sont une belle proue au-dessus du silence »

Personnalités évoquées ci-dessus.

AUGUIN Louis Auguste
Peintre français né à Rochefort en 1824. Elève de son père, de Jules Coignet et de Corot dont il deviendra l’ami. Pré-impressionniste, chef de l’école paysagiste du sud-ouest. En 1860, il ouvre un atelier à Bordeaux où il finit par s’établir en 1863. En 1890 et 1898, il exerce son activité de professeur d’art et de peinture au 67 de la rue de la course à Bordeaux. Il décède à Bordeaux en 1903. Il est inhumé dans le caveau des artistes.

D’INDY Paul Marie Théodore Vincent
Compositeur français né à Paris le 27 mars 1851. Il entreprend des études de droit et de musique. Elève de César Franck, il consacra toute sa vie à son art, et enseigna à la Schola Cantorum. Il meurt subitement le 2 décembre 1931, à Paris.

PETRIDIS Petro
Compositeur et chef d’orchestre grec né à Nigde en Cappadoce (Asie mineure) le 23 juillet 1892. Il entreprend des études de droit et de musique à Paris, élève notamment de Roussel. Après 1915, il exerce les fonctions de critique musical à Paris et Londres. De 1919 à I921 il enseigne le grec moderne à la Sorbonne. En 1922 part vivre à Athènes.

CARRERE Jean
Journaliste et poète français né à Gontaud (Lot et Garonne) le 5 septembre 1865, décédé le 6 octobre 1932 à Nérac, où il s’était retiré depuis 1926.

© F. Dumas – S.H.A.C.E. 2003.

Cette description ne vaut pas une visite sur place, et nous espérons vous y accueillir un jour.

Musée de la Porte de Thann à Cernay