Historique du musée de la Porte de Thann à Cernay Haut-Rhin

Les fondateurs

C’est en 1864, peu après l’ouverture de la bibliothèque municipale, que le notaire historien Armand INGOLD et l’industriel Paul BAUDRY décident avec quelques amis d’ouvrir un musée à CERNAY.
Trois salles proposent au public, le dimanche, au 1 rue Latouche, à l’emplacement de l’actuelle villa CARRERE, diverses collections dans le goût de l’époque: roches, fossiles, minéraux et pierres précieuses, plantes, oiseaux, poissons, mammifères, peintures, dessins, aquarelles, sculptures, antiquités, monnaies, instruments de musique, armes, vases, curiosités …..
Les difficultés rencontrées depuis l’annexion de l’Alsace à l’Empire allemand conduisent à sa fermeture définitive en 1877.

La Renaissance avant guerre

Le musée renaît de ses cendres à la veille de la Seconde Guerre mondiale, grâce à l’initiative du notaire cernéen Maître Joseph REMY. La ville compte alors environ 6 000 habitants.
La Société du Musée de CERNAY et de la région du VIEIL ARMAND est inscrite au tribunal cantonal de la ville (vol. II,5) le 23.06.1939.
Le comité est présidé par Roger PREISS (maire de CERNAY 1933-1943).
Eugène SCHNEIDER cumule les fonctions de vice-président, de secrétaire et de «caissier…trésorier»
Joseph REMY est le conservateur
La vénérable Porte de THANN – témoin principal s’il en est de l’ancienne ville fortifiée par les Comtes de FERRETTE – est le lieu choisi pour accueillir le nouveau musée.
Fortement endommagée durant la Grande Guerre, elle est classée Monument Historique dès 1920. Sa restauration (réfection des colombages, les 4 étages initiaux réduits à 3 niveaux) est réalisée à partir de 1925 par l’entreprise BURTSCHELL et financée par le Ministère des Beaux-Arts. L’escalier d’accès attenant à la maison HANS date de 1931.

La deuxième Guerre mondiale

A peine la nouvelle association a-t-elle le temps de réunir quelques objets (souvenirs locaux, tableaux) que le conflit éclate.
Durant les années noires, la Porte abrite une assez importante collection d’armes anciennes gérée par les autorités allemandes.
Dans les mois qui précèdent la libération de la ville, les locaux sont forcés et pillés à plusieurs reprises.

L’après guerre

La paix revenue, Maître REMY écrit au nouveau maire André ROLLIN, et lui annonce sa démission le 26.05.1945.
Il suggère que Louis SCHERRER ou Eugène SCHNEIDER le remplace au poste de conservateur. Il précise aussi que la Porte est en parfait état et abrite quelques armes et souvenirs, dont les legs de feu Mademoiselle Gabrielle DEJEAN.

Si Eugène SCHNEIDER dit ne pas accepter le poste (courrier du 4.7.1945), car affecté à d’autres fonctions, il se propose d’assurer temporairement les affaires courantes. En fait, il restera conservateur, par devoir, jusqu’en 1953 !

Un appel est lancé à la population et permet de récupérer certains objets « portés disparus »: armes, engins de guerre, armures modernes et médiévales …
La Société dispose de 10 700 F, placés à la Caisse d’Epargne.
Par décision du tribunal cantonal, la Société du Musée est rétablie le 24.07.1945.
Aidé de Roger LARUEL, Eugène SCHNEIDER entreprend d’aménager les locaux avec un mobilier sommaire: tables, bancs, chaises, vitrines
Il cède aussi sans hésiter sa propre collection.
Dans une lettre adressée au maire A. ROLLIN, Joseph REMY dresse la liste de certains biens spoliés durant la guerre.  Ainsi:
– la panoplie, avec tous ses casques de pompier, de Robert SCHEIDECKER, une collection de vieux fusils et armes en dépôt à l’usine GERRER de THANN, sont restituées au musée de CERNAY.
– une armoire Renaissance, appartenant à M. GROSSHEINTS, déposée à titre conservatoire.
– une armure japonaise (XV) à M. TOUSSAINT, garde général à PARIS.
Du 4.10.1945 au 17.09.1946 Eugène SCHNEIDER, maire provisoire, cumule les fonctions de président et de conservateur de la Société du Musée.

En décembre 1946, la direction des Musées de France (Ministère de l’Education Nationale – Palais du Louvre – PARIS) verse une subvention de 10 000 F, afin de remettre en ordre les collections. Depuis 1945 les musées de province étaient placés sous le contrôle de la DMF et classés selon certains critères.
Au 1.5.1947, le comité est présidé par le nouveau maire Marcel MULLER.
Louis SCHERRER est vice-président, Eugène SCHNEIDER reste conservateur et secrétaire.
André BOLM est trésorier.
Le 28.5.1949, l’inventaire du musée est transmis à la mairie aux fins de procéder à l’assurance incendie. Il mentionne:
1 armoire simple, 7 tables, 5 chaises, 5 armoires vitrées,
1 collection de tableaux anciens et récents,
1 collection de statues et objets divers historiques,
1 collection de monnaies diverses de toutes provenances (jetons, billets, assignats),
1 assortiment de vieilles armes de guerre, armures, fusils, sabres, baïonnettes, petits canons, lances, casques, ….
1 500 livres français formant le contingent de l’ancienne bibliothèque communale d’avant guerre,
6 casiers en bois de bibliothèque,
1 grand album renfermant les souvenirs littéraires, brochures, manuscrits, photos, …
1 drapeau (Vétérans 1870), 2 écharpes soie souvenir,
1 collection de drapeaux, brochures, affiches diverses provenant de l’occupation allemande 1940-1945.

Le 17 11 1949, la Ville fait don au Musée d’un relief en plâtre représentant la porte de THANN d’une valeur de 2 800 F. Le mémoire est à l’en-tête de Charles DODIN.

En réponse au courrier adressé par la DMF le 16.05.1950, Eugène SCHNEIDER .indique que le montant de la subvention versée en 1949 a été placé à la Caisse d’Epargne « La Mutuelle ». Il souligne par ailleurs que le Musée dispose d’une modeste mais intéressante collection d’objets divers.

Il déplore l’indifférence dont témoigne la municipalité, mais affirme son engagement et sa mission « avec le soutien de la jeunesse des écoles »

Le 12.11.1951, la Fédération des Amis de la plus belle France (Paris) sollicite l’adhésion de la Société du Musée de CERNAY.

Dans un courrier adressé à la DMF, le 5.05.1952, en vue de constituer le fichier général des musées classés, Eugène SCHNEIDER fournit les précisions suivantes :
« Le musée municipal historique et de folklore est ouvert le jeudi et le dimanche. L’entrée est gratuite.
– La fréquentation reste faible. Il y a peu de rentrées en objets intéressants.
– La situation financière est stable. Le produit du tronc s’élève à 800F.
– Un nid de cigognes a été posé sur le toit de la Porte de THANN ».

Dans une dernière lettre destinée au Service de Protection des Œuvres d’Art (Ministère de l’Education Nationale) le 9.02.1955, Eugène SCHNEIDER écrit:
« depuis 1953 nous avons un nouveau maire et un nouveau conseil municipal, qui nous est très dévoué et ayant une compréhension très efficace. Hélas ! depuis 1953, je suis démissionné du poste de conservateur (question d’âge : 86 ans !!). Depuis le musée est en veilleuse. C’était pénible pour trouver un remplaçant, mais finalement l’ayant trouvé, il entre en fonction en été 1955.
Quant à la question d’objets d’art, nous n’en avons pas rentrant dans cette catégorie. Finalement je souhaite de tout cœur prospérité à l’avenir du musée« 

Une série de travaux programmés par les M.H. sont lancés pour restaurer l’édifice.

En février 1962, le docteur Jean SUTTER crée la SHACE et inscrit dans ses statuts la gestion du musée municipal de la Porte de Thann.
Le 30.01.1963, la Société du Musée et de la région du Vieil Armand est dissoute.
En 1966, suite à une série de désaccord avec la municipalité, la plupart des membres de la société d’histoire, dont son président, démissionne et une longue période de veille s’ensuivit pour le musée.
En 1974, un vol dépouille le musée d’une grande partie de sa collection d’armes anciennes.

Un aspect du musée en 1974 – Photo Ph. Neuhauser

La période récente

En 1979, Marc Drouot prend la présidence de la société d’histoire et d’archéologie, un nouveau conservateur bénévole, Roger Kuster, assure la bonne marche du musée.
A cette époque, le musée est officiellement reconnu par l’Etat en tant que musée contrôlé et perçoit des subventions de la Direction des Affaires culturelles.
E. Job a pris la suite de Roger Kuster, épaulé à partir de 1991 par Marie-Claire Grollemund.
1991-1997 suite à l’acquisition de la Maison Hans par la municipalité, extension du musée par une salle d’art sacré, puis installation de la première exposition temporaire consacrée à l’hospitalier au début du siècle. (conceptrice M-Cl Grollemund).

 

Film « Si Cernay m’était contée »

Cette description ne vaut pas une visite sur place, et nous espérons vous y accueillir un jour.

Musée de la Porte de Thann à Cernay