1886 :
La langue française disparaît des comptes rendus du Conseil Municipal de Cernay
par Michel Weber
10 mai 1871 : Traité de Francfort
Il s’agit pour Bismarck d’un « retour » à l’Allemagne de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine qui ont jadis fait partie du Saint Empire romain germanique.
La loi allemande du 30 décembre 1871 prévoit que
« Les provinces d’Alsace et de Lorraine cédées par la France dans les limites fixées par le traité de paix du 10 mai 1871 sont à jamais réunies à l’Empire d’Allemagne. »
Les arguments linguistiques furent utilisés pour justifier l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, bien que la nouvelle frontière intégrât des populations de langue française comme les parlers du Val d’Argent, de la vallée de la Bruche et de la haute vallée de la Weiss ainsi que le franc-comtois parlé dans l’extrême sud de l’Alsace. C’est pour cette raison aussi que le sud du Haut-Rhin ne fut pas annexé et devint le Territoire de Belfort en échange de communes lorraines.
Quand les Français parlent d’« annexion », les Allemands utilisent le terme « Abtretung » (cession).
La politique d’assimilation débuta très vite.
En 1871, l’allemand devient la langue obligatoire dans l’école primaire.
En 1872, l’allemand devient la langue officielle de l’administration, sauf pour les communes de langue française qui bénéficient d’un sursis.
En 1874, un enseignement bilingue (provisoire) se voit imposé dans les zones de langue française.
En 1875, une loi impose la germanisation de l’état civil avec une traduction des prénoms, du nom des localités, des rues, des enseignes de magasins et d’entreprises, des titres et des contenus de la presse, des éditions…Les manuels d’histoire sont eux aussi germanisés, une nouvelle histoire de l’Alsace est enseignée.
Défranciser et germaniser, tel fut l’objectif constant des autorités germaniques.
Et pourtant cela ne fut pas si simple, à en croire Ludwig Adolf Wiese1, qui écrit dans ses « Souvenirs de la vie et expérience officielle », édités en 1886 (extrait traduit en français) :
« L’impression générale, cependant, était bien plus déprimante que ce que nous aurions pu espérer. L’éloignement de la Lorraine et de l’Alsace de l’Allemagne était profondément enraciné et leur attachement à la France était plus intime et profond que je ne l’avais prévu ; ils n’avaient aucun sentiment national envers nous…, c’est un honneur pour les Alsaciens-Lorrains d’appartenir à la grande nation française… ll était énigmatique et attristant pour moi, de comprendre que le sentiment d’appartenance à la France était enraciné même chez les esprits les plus nobles et les plus éduqués… »
Est-ce pour cette raison, après un relatif constat d’échec, que les autorités de l’Empire prirent des mesures drastiques ?
C’est ce que laisse penser le texte écrit par le Maire Georges Risler et daté du 20 décembre 1886, dans le Registre des délibérations du Conseil Municipal de Cernay et reproduit ci-dessous.
(A suivre)